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ROBERT-LE-DIABLE.

Les excès de Robert se continuaient d’une manière effrayante ; enfin, le duc Aubert, poussé à bout par les plaintes qu’il entendait chaque jour, fit publier à son de trompe que quiconque occirait son fils Robert serait pardonné. Comme réponse à ce défi de la puissance paternelle, Robert fit crever les yeux aux messagers qui vinrent pour s’emparer de lui, et, dans ce piteux état, les renvoya à son père.

Cependant, le mal s’use à ses propres efforts ; le crime a d’horribles moments de dégoût et de lassitude. Dans une de ces alternatives où sa cruauté se dressait contre lui-même, Robert, emporté par je ne sais quel appel farouche de sa conscience, va trouver sa mère, qui habitait le château d’Arques, et, l’épée nue, prêt à frapper, il demande à celle dont il tient l’être un compte sanglant de la vie misérable qu’il a menée jusqu’alors.

Por coi je sui si ypocrites (s’écriait-il)
Et si plain de mal aventure
Que veir ne puis créature
Que a Dieu monte mal ne fache ?

    le capitaine Valdory, qui tenait, durant ce siége, le parti de la Ligue*. Il suffit de considérer le plan du fort Sainte-Catherine, qui accompagne cet ouvrage, pour reconnaître que le mont de Thuringe n’est autre que la colline sur laquelle est édifiée l’église de Bonsecours, et qui est séparée de la côte Sainte-Catherine par la route de Paris. En effet, cette colline, marquée par la lettre Y, est désignée sur ce plan ainsi qu’il suit : Bois et coteau de Thuringe, au pied duquel, sur le bord de la rivière de Seine, est Eauplet, où viennent les grands bateaux du Pont-de-l’Arche. La séparation du mont de Thuringe d’avec le mont Sainte-Catherine, est, en outre, indiquée par la narration du siége, où l’on voit que l’on se canonnait sans cesse de l’un à l’autre mont. Enfin, il existe dans Eauplet, un peu au-delà de la barrière actuelle de l’octroi, une ruelle fort ancienne, qui s’élève en serpentant sur la croupe de la colline de Bonsecours, et qui porte encore aujourd’hui le nom de rue Thuringe.
    * Discours du siège de la ville de Rouen, au mois de novembre mil cinq cent quatre-vingt-onze, avec le pourtraict du vieil et du nouveau fort, par le capitaine Valdory. Rouen, Richard Lallemant, 1592, in-8o.