inique promesse. De retour à Caen, malgré le bienveillant accueil de Robert Courte-Heuse, et l’offre généreuse que leur fît ce prince d’acquitter la rançon de leurs parents, ils ne cessèrent point de comploter sourdement, s’efforçant d’entraîner, dans leur défection, les principaux habitants de la ville. Cette conjuration eut son effet, mais le lieu où ces traîtres s’assemblaient et tenaient leurs conférences, et qui était un jardin situé entre l’église Saint-Martin et la porte Artus, fut maudit pour leur crime. Depuis cette époque, cette portion de terrain n’a pu produire aucune espèce de fruits ni d’herbes salutaires, quelque soin qu’on ait mis à la cultiver. Après la reddition de Caen, Henry i fit don, aux indignes citoyens qui avaient si bien servi les intérêts de son ambition, de la ville de Darlington en Angleterre. Quoique, en réalité, cette ville ne leur ait jamais été soumise, la qualification infamante qui lui fut attribuée, y proclama leur suzeraineté : on ne l’a plus appelée que la Ville des traîtres[1].
Guillaume Cliton s’étant blessé la main au siège d’Alost, en
voulant se saisir de la lance d’un fantassin qui se trouvait devant
lui, la gangrène se mit à sa plaie, et, par cette affreuse
maladie, ce jeune prince fut en peu de jours conduit au tombeau.
Or, la nuit qu’il mourut, son père, Robert Courte-Heuse,
détenu prisonnier en Angleterre, rêva qu’il recevait
un coup de lance dont son bras demeurait entièrement perclus.
Inspiré par un pressentiment fatal, Robert s’écria à son réveil :
« Hélas, mon fils est mort ! » Ses serviteurs entendirent cette
douloureuse exclamation, et les nouvelles qui arrivèrent bientôt
en confirmèrent la triste vérité[2].
Le roi Louis viii, voulant se séparer d’Éléonore d’Aquitaine,
se plaisait à répandre des bruits injurieux sur le compte de