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GILLES DE RAIS.

tagne, deux provinces voisines l’une de l’autre ; morts à dix ans de distance, ils étaient étroitement liés dans les souvenirs par une commune gloire, par leur procès et par leur mort. Ces suppositions sont naturelles et permises ; mais la conséquence qu’il convient d’en tirer n’est pas moins logique et inévitable. Puisque cette tentative n’a pas réussi, c’est donc qu’il n’y avait non plus moyen d’excuser que de nier les crimes du supplicié de la Biesse.

Les deux lettres royales, dont nous parlons, sont du 3 janvier 1443 (nouveau style) et datées de Montauban, où se trouvait alors le roi. Les unes sont adressées au duc de Bretagne ; les autres, pour l’exécution des premières, aux présidents et conseillers du parlement, baillis de Touraine et des ressorts et exemptions d’Anjou et du Maine, sénéchaux de Poitou et de Saintonge, etc., etc. Il est dit dans les premières que Gilles, de son vivant seigneur de Rais et maréchal de France, de l’arrestation, des torts et de la condamnation « contre lui et à son préjudice, à tort, indeuement et contre raison, faiz et donnez par feu nostre frère et cousin vostre père, maistre Pierre de Lospital soy disant ou portant président de Bretaigne, et ses autres officiers », en appela au Roi et au parlement ; mais que son appel fut rejeté ; et que lui-même, « induement et sans cause, fut condamné à mort et fait mourir par ledit de Lospital », un mois après, laissant au monde une fille unique, mariée à Prégent de Coétivy, amiral de France, institué son curateur par autorité royale. Aujourd’hui ses enfants, ses héritiers, pour venger l’honneur de leur nom, entreprennent de poursuivre l’appel du père. Le roi ajourne donc le duc devant le parlement « non obstant qu’il siée, et que les parties ne sont pas des jours dont pour lors l’on plaidera. » En même temps, Pierre de l’Hospital et les autres officiers qui ont pris part au procès sont cités avec le duc de Bretagne pour avoir à se justifier de leur conduite ; défense enfin est faite au duc de Bretagne de rien entreprendre contre les plaignants durant tout le cours du procès