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SA FILLE.

les confirma solennellement le jour de la saint Michel suivante, le 29 septembre 1442, comptant bien que le temps, qui est un grand maître, lui fournirait quelque moyen utile pour en adoucir la rigueur. Le mariage suivit de près ; et aussitôt Prégent de Coétivy, soit pour améliorer les conditions du contrat, soit pour recouvrer les terres aliénées par Gilles de Rais, soit aussi pour rentrer en possession légale de plusieurs seigneuries injustement détenues par des usurpateurs, manifesta une activité extraordinaire et employa, pour arriver à ses fins, tous les moyens imaginables. Confiscation des terres de Gilles à son profit par le roi (22 avril 1443) ; lettres royales qui l’établissent curateur de la jeune Marie, sa femme (13 août 1443, ancien style)[1] ; tentatives de réhabilitation de la mémoire du maréchal (13 janvier 1443, nouveau style) ; modifications apportées, à sa requête, au contrat de mariage (26 juillet 1443)[2] ; essais incessants pour obtenir des ducs de Bretagne l’abandon complet des seigneuries de Champtocé et d’Ingrandes ; lettres patentes de Charles VII pour établir le relèvement général des terres de Gilles de Rais aliénées et vendues (13 janvier 1446) ; autant d’actes qui prouvent l’opiniâtre application qu’il mit à reconstituer la fortune délabrée de sa femme. Nous avons signalé plus haut qu’il entreprit même de réhabiliter la mémoire de son beau-père : nous n’avons donc pas à y revenir. Remarquons seulement, en passant, que si l’innocence de Gilles eût été reconnue, rien n’eût mieux servi les intérêts et les vues de l’amiral de Coétivy, son gendre. On se souvient, en effet, que l’arrêt de

  1. D’après le P. Anselme, Prégent de Coétivy aurait épousé Marie de Rais en 1441 « le roi estant à Limoges, allant à Tortas » : mention qui prouve que ce chiffre vient d’une faute d’impression. V. du reste pour la journée de Tortas la Chronique de Monstrelet, VII, 51.
  2. Accord avec la famille de Rais, du 26 juillet 1443, par lequel Prégent de Coétivy, est autorisé, mais seul, à l’exclusion de ses héritiers collatéraux, à porter les armes de sa femme, écartelées avec celles de Coétivy. Documents relatifs à Pr. de Coétivy, p. 58, 59, 60, 61, 62 ; copie contemporaine sur papier. — Biblioth. de Nantes, mss. no 57,750. — Trés. des chartres de Bretagne, arm. P, cass. E, inv. 39.