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Page:Bossert - Essais sur la littérature allemande, Série I, 1905.djvu/87

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ses premiers chefs-d’œuvre, il étendait ses relations dans le monde littéraire. Au mois de juillet 1774, il fit, avec Lavater et Basedow, un voyage le long du Rhin jusqu’à Dusseldorf, où habitait le philosophe Jacobi. Au mois d’octobre, il fit la connaissance de Klopstock, qui passait par Francfort pour se rendre à l’appel du margrave de Bade. L’hiver s’écoula au milieu des divertissements mondains, dont on peut suivre le détail dans les lettres à la comtesse Augusta de Stolberg. Un projet de mariage avec Élisabeth Schoenemann, la fille d’un riche banquier de Francfort, échoua par la résistance du conseiller Goethe, qui désirait pour son fils une alliance plus bourgeoise, et qui prévoyait peut-être la ruine prochaine de la maison de banque. Mais Élisabeth, ou Lili, a survécu dans les poésies de Goethe, surtout dans celle qui a pour titre La Ménagerie de Lili. Cette ménagerie se compose de la foule de ses adorateurs, qu’elle a enchantés, comme une autre Circé, d’un coup de sa baguette magique, et qui se disputent les miettes qui tombent de sa main, tandis que le poète, ours mal apprivoisé, grogne dans un coin. Au commencement de juin 1775, Goethe rompit sa chaîne en partant pour la Suisse avec les deux frères Stolberg. Il revit Lavater à Zurich; il visita le lac des Quatre-Cantons. Arrivé au sommet du Saint-Gothard, il se demanda s’il descendrait en Italie, comme son père le lui avait conseillé. Mais l’atmosphère allemande était encore pour lui, dit-il, un