Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/144

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nommé Absimare, qui luy-mesme ne dura gueres. Justinien rétabli fut ingrat envers ses amis ; et en se vengeant de ses ennemis, il s’en fit de plus redoutables, qui le tuerent. Les images de Philippique son successeur ne furent pas receûës dans Rome, à cause qu’il favorisoit les monothelites, et se déclaroit ennemi du concile sixiéme. On éleût à Constantinople Anastase Ii prince catholique, et on creva les yeux à Philippique. En ce temps les débauches du roy Roderic ou Rodrigue firent livrer l’Espagne aux maures : c’est ainsi qu’on appelloit les sarasins d’Afrique. Le comte Julien, pour venger sa fille dont Roderic abusoit, appella ces infideles. Ils viennent avec des troupes immenses : ce roy perit : l’Espagne est soumise, et l’empire des gots y est éteint. L’eglise d’Espagne fut mise alors à une nouvelle épreuve : mais comme elle s’estoit conservée sous les ariens, les mahometans ne purent l’abbatre. Ils la laisserent d’abord avec assez de liberté : mais dans les siécles suivans il fallut soustenir de grands combats ; et la chasteté eût ses martyrs, aussi-bien que la foy, sous la tyrannie d’une nation aussi brutale qu’infidele. L’empereur Anastase ne dura gueres. L’armée força Theodose Iii à prendre la pourpre. Il fallut combatre : le nouvel empereur gagna la bataille, et Anastase fut mis dans un monastere. Les maures maistres de l’Espagne esperoient s’étendre bientost au-delà des Pyrenées : mais Charles Martel destiné