Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/15

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vestiges manifestes de la nouveauté du monde. On voit les loix s’établir, les moeurs se polir, et les empires se former. Le genre humain sort peu à peu de l’ignorance ; l’experience l’instruit, et les arts sont inventez ou perfectionnez. à mesure que les hommes se multiplient, la terre se peuple de proche en proche : on passe les montagnes et les précipices ; on traverse les fleuves, et enfin les mers ; et on établit de nouvelles habitations. La terre qui n’estoit au commencement qu’une forest immense, prend une autre forme ; les bois abbatus font place aux champs, aux pasturages, aux hameaux, aux bourgades, et enfin aux villes. On s’instruit à prendre certains animaux, à apprivoiser les autres, et à les accoustumer au service. On eût d’abord à combatre les bestes farouches. Les premiers heros se signalerent dans ces guerres. Elles firent inventer les armes, que les hommes tournerent aprés contre leurs semblables : Nemrod le premier guerrier et le premier conquerant est appellé dans l’ecriture un fort chasseur. Avec les animaux, l’homme sceût encore adoucir les fruits et les plantes ; il plia jusqu’aux metaux à son usage, et peu à peu il y fit servir toute la nature. Comme il estoit naturel que le temps fist inventer beaucoup de choses, il devoit aussi en faire oublier d’autres, du moins à la pluspart des hommes. Ces premiers arts que Noé avoit conservez, et qu’on