Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/201

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bontez et les merveilles de Dieu. Les siécles suivans l’ont imité. C’estoit Dieu et ses oeuvres merveilleuses qui faisoient le sujet des odes qu’ils ont composées : Dieu les inspiroit luy-mesme, et il n’y a proprement que le peuple de Dieu où la poësie soit venuë par enthousiasme. Jacob avoit prononcé dans ce langage mystique les oracles qui contenoient la destinée de ses enfans, afin que chaque tribu retinst plus aisément ce qui la touchoit, et apprist à loûër celuy qui n’estoit pas moins magnifique dans ses prédictions que fidele à les accomplir. Voilà les moyens dont Dieu s’est servi pour conserver jusqu’à Moïse la memoire des choses passées. Ce grand homme instruit par tous ces moyens, et élevé au dessus par le saint esprit, a écrit les oeuvres de Dieu avec une exactitude et une simplicité qui attire la croyance et l’admiration non pas à luy, mais à Dieu mesme. Il a joint aux choses passées, qui contenoient l’origine et les anciennes traditions du peuple de Dieu, les merveilles que Dieu faisoit actuellement pour sa delivrance. De cela il n’allegue point aux israëlites d’autres témoins que leurs yeux. Moïse ne leur conte point des choses qui se soient passées dans des retraites impenétrables, et dans des antres profonds : il ne parle point en l’air : il particularise, et circonstantie toutes choses, comme un homme qui ne craint point d’estre démenti. Il fonde toutes leurs loix et