Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/211

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Mais un plus haut mystere nous est montré dans l’exclusion de Moïse. Ce sage legislateur qui ne fait par tant de merveilles que de conduire les enfans de Dieu dans le voisinage de leur terre, nous sert luy-mesme de preuve, que sa loy ne mene rien à la perfection , et que sans nous pouvoir donner l’accomplissement des promesses, elle nous les fait saluër de loin , ou nous conduit tout au plus comme à la porte de nostre heritage. C’est un Josué, c’est un Jesus, car c’estoit le vray nom de Josué, qui par ce nom et par son office representoit le sauveur du monde : c’est cét homme si fort au dessous de Moïse en toutes choses, et superieur seulement par le nom qu’il porte ; c’est luy, dis-je, qui doit introduire le peuple de Dieu dans la terre sainte. Par les victoires de ce grand homme, devant qui le Jourdain retourne en arriere, les murailles de Jéricho tombent d’elles-mesmes, et le soleil s’arreste au milieu du ciel : Dieu établit ses enfans dans la terre de Chanaan, dont il chasse par mesme moyen des peuples abominables. Par la haine qu’il donnoit pour eux à ses fideles, il leur inspiroit un extréme éloignement de leur impieté ; et le chastiment qu’il en fit par leur ministere, les remplit eux-mesmes de crainte pour la justice divine dont ils exécutoient les decrets. Une partie de ces peuples que Josué chassa de leur terre, s’établirent en Afrique, où on trouva long-temps aprés dans une inscription