Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/235

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c’est ce qu’avoit prononcé le mesme Isaïe. elle tombe, elle tombe, comme l’avoit dit ce prophete, cette grande Babylone, et ses idoles sont brisées. Bel est renversé, et Nabo son grand dieu, d’où les rois prenoient leur nom, tombe par terre : car les perses leurs ennemis, adorateurs du soleil, ne souffroient point les idoles ni les rois qu’on avoit fait dieux. Mais comment perit cette Babylone ? Comme les prophetes l’avoient declaré. ses eaux furent dessechées, comme avoit prédit Jéremie, pour donner passage à son vainqueur : enyvrée, endormie, trahie par sa propre joye, selon le mesme prophete, elle se trouva au pouvoir de ses ennemis, et prise comme dans un filet sans le sçavoir . On passe tous ses habitans au fil de l’épée : car les medes ses vainqueurs, comme avoit dit Isaïe, ne cherchoient ni l’or, ni l’argent, mais la vengeance, mais à assouvir leur haine par la perte d’un peuple cruel, que son orgueïl faisoit l’ennemi de tous les peuples du monde. les couriers venoient l’un sur l’autre annoncer au roy que l’ennemi entroit dans la ville : Jéremie l’avoit ainsi marqué. Ses astrologues, en qui elle croyoit, et qui luy promettoient un empire éternel, ne purent la sauver de son vainqueur . C’est Isaïe et Jéremie qui l’annoncent d’un commun accord. Dans cét effroyable carnage, les juifs avertis de loin échaperent seuls au glaive du victorieux. Cyrus devenu par cette conqueste le maistre de tout l’Orient, reconnoist dans ce peuple tant de fois