Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/248

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le peuple rebuté de leurs tromperies n’estoit plus en estat de les écouter. Les vrais prophetes de Dieu estoient leûs et releûs sans cesse : il ne leur falloit point de commentaire ; et les choses qui arrivoient tous les jours en exécution de leurs propheties en estoient de trop fideles interpretes.

En effet, tous leurs prophetes leur avoient promis une paix profonde. On lit encore avec joye la belle peinture que font Isaïe et Ezechiel, des bienheureux temps qui devoient suivre la captivité de Babylone. Toutes les ruines sont réparées, les villes et les bourgades sont magnifiquement rebasties, le peuple est innombrable, les ennemis sont à bas, l’abondance est dans les villes et dans la campagne ; on y voit la joye, le repos, et enfin tous les fruits d’une longue paix. Dieu promet de tenir son peuple dans une durable et parfaite tranquilité. Ils en joûïrent sous les rois de Perse. Tant que cét empire se soustint, les favorables decrets de Cyrus, qui en estoit le fondateur, asseûrerent le repos des juifs. Quoy-qu’ils ayent esté menacez de leur derniere ruine sous Assuérus, quel qu’il soit, Dieu fléchi par leurs larmes, changea tout à coup le coeur du roy, et tira une vengeance éclatante d’Aman leur ennemi. Hors de cette conjoncture, qui passa si viste, ils furent toûjours sans crainte. Instruits par leurs prophetes à obéïr aux rois, à qui Dieu les avoit soumis, leur fidelité fut inviolable.