Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/251

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y parvenir, et cette dignité sacrée fut le prix de la flaterie de ces courtisans. Les jalousies et les divisions des particuliers ne tarderent pas à causer, selon la coustume, de grands malheurs à tout le peuple. Antiochus l’illustre roy de Syrie conceût le dessein de perdre ce peuple divisé, pour profiter de ses richesses. Ce prince parut alors avec tous les caracteres que Daniel avoit marquez : ambitieux, avare, artificieux, cruel, insolent, impie, insensé ; enflé de ses victoires, et puis, irrité de ses pertes. Il entre dans Jérusalem en estat de tout entreprendre : les factions des juifs, et non pas ses propres forces, l’enhardissoient ; et Daniel l’avoit ainsi préveû. Il exerce des cruautez inoûïes : son orgueïl l’emporte aux derniers excés, et il vomit des blasphêmes contre le tres-haut, comme l’avoit prédit le mesme prophete. En exécution de ces propheties, et à cause des pechez du peuple, la force luy est donnée contre le sacrifice perpetuel. Il profane le temple de Dieu, que les rois ses ancestres avoient réveré : il le pille, et répare par les richesses qu’il y trouve les ruines de son tresor épuisé. Sous prétexte de rendre conformes les moeurs de ses sujets, et en effet pour assouvir son avarice en pillant toute la Judée, il ordonne aux juifs d’adorer les mesmes dieux que les grecs : sur tout, il veut qu’on adore Jupiter olympien, dont il place l’idole dans le temple mesme ; et plus impie que Nabuchodonosor,