Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/271

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abus, sans préjudice du ministere établi de Dieu, et montre que le corps de la synagogue subsistoit malgré la corruption des particuliers. Mais elle penchoit visiblement à la ruine. Les pontifes, et les pharisiens animoient contre Jesus-Christ le peuple juif, dont la religion se tournoit en superstition. Ce peuple ne peut souffrir le sauveur du monde, qui l’appelle à des pratiques solides, mais difficiles. Le plus saint et le meilleur de tous les hommes, la sainteté et la bonté mesme, devient le plus envié et le plus haï. Il ne se rebute pas, et ne cesse de faire du bien à ses citoyens ; mais il voit leur ingratitude : il en prédit le chastiment avec larmes, et dénonce à Jerusalem sa chute prochaine. Il prédit aussi que les juifs ennemis de la verité qu’il leur annonçoit, seroient livrez à l’erreur, et deviendroient le joûët des faux prophetes. Cependant la jalousie des pharisiens et des prestres le mene à un supplice infame : ses disciples l’abandonnent ; un d’eux le trahit ; le premier et le plus zelé de tous le renie trois fois. Accusé devant le conseil, il honore jusqu’à la fin le ministere des prestres, et répond en termes précis au pontife qui l’interrogeoit juridiquement. Mais le moment estoit arrivé, où la synagogue devoit estre réprouvée. Le pontife et tout le conseil condamne Jesus-Christ, parce qu’il se disoit le Christ fils de Dieu. Il est livré à Ponce Pilate président romain : son innocence est reconnuë par son juge,