Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/280

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dés l’éternité ne s’unit à nostre nature que pour l’honorer. Cette ame qui préside au corps, et y fait divers changemens, elle-mesme en souffre à son tour. Si le corps est meû au commandement et selon la volonté de l’ame, l’ame est troublée, l’ame est affligée, et agitée en mille manieres ou fascheuses, ou agreables, suivant les dispositions du corps ; en sorte que comme l’ame éleve le corps à elle en le gouvernant, elle est abbaissée au dessous de luy par les choses qu’elle en souffre. Mais en Jesus-Christ, le verbe préside à tout, le verbe tient tout sous sa main. Ainsi l’homme est élevé, et le verbe ne se rabaisse par aucun endroit : immuable et inalterable il domine en tout et par tout la nature qui luy est unie. De là vient qu’en Jesus-Christ l’homme absolument soumis à la direction intime du verbe qui l’éleve à soy, n’a que des pensées et des mouvemens divins. Tout ce qu’il pense, tout ce qu’il veut, tout ce qu’il dit, tout ce qu’il cache au dedans, tout ce qu’il montre au dehors est animé par le verbe, conduit par le verbe, digne du verbe, c’est à dire digne de la raison mesme, de la sagesse mesme, et de la verité mesme. C’est pourquoy tout est lumiere en Jesus-Christ ; sa conduite est une regle ; ses miracles sont des instructions ; ses paroles sont esprit et vie. Il n’est pas donné à tous de bien entendre ces sublimes veritez, ni de voir parfaitement en