Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/286

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font voir toutes les miseres bannies, et tous les desirs satisfaits ; il n’y a plus qu’à loûër la bonté divine.

Avec de si nouvelles récompenses, il falloit que Jesus-Christ proposast aussi de nouvelles idées de vertu ; des pratiques plus parfaites et plus épurées. La fin de la religion, l’ame des vertus et l’abregé de la loy, c’est la charité. Mais jusqu’à Jesus-Christ on peut dire, que la perfection et les effets de cette vertu n’estoient pas entierement connus. C’est Jesus-Christ proprement qui nous apprend à nous contenter de Dieu seul. Pour établir le regne de la charité, et nous en découvrir tous les devoirs, il nous propose l’amour de Dieu, jusqu’à nous haïr nous-mesmes, et persecuter sans relasche le principe de corruption que nous avons tous dans le coeur. Il nous propose l’amour du prochain, jusqu’à étendre sur tous les hommes cette inclination bien faisante sans en excepter nos persecuteurs : il nous propose la moderation des desirs sensuels, jusqu’à retrancher tout à fait nos propres membres, c’est à dire ce qui tient le plus vivement et le plus intimement à nostre coeur : il nous propose la soumission aux ordres de Dieu, jusqu’à nous réjoûïr des souffrances qu’il nous envoye : il nous propose l’humilité, jusqu’à aimer les opprobres pour la gloire de Dieu, et à croire que nulle injure ne nous peut mettre si bas devant les hommes, que nous ne soyions encore