Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/287

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plus bas devant Dieu par nos pechez. Sur ce fondement de la charité, il perfectionne tous les estats de la vie humaine. C’est par là que le mariage est réduit à sa forme primitive : l’amour conjugal n’est plus partagé : une si sainte societé n’a plus de fin que celle de la vie ; et les enfans ne voyent plus chasser leur mere pour mettre à sa place une marastre. Le célibat est montré comme une imitation de la vie des anges, uniquement occupée de Dieu et des chastes délices de son amour. Les superieurs apprennent qu’ils sont serviteurs des autres, et dévoûëz à leur bien ; les inferieurs reconnoissent l’ordre de Dieu dans les puissances legitimes, lors mesme qu’elles abusent de leur autorité : cette pensée adoucit les peines de la sujetion, et sous des maistres fascheux l’obéïssance n’est plus fascheuse au vray chrestien. A ces préceptes, il joint des conseils de perfection éminente : renoncer à tout plaisir ; vivre dans le corps comme si on estoit sans corps ; quitter tout ; donner tout aux pauvres, pour ne posseder que Dieu seul ; vivre de peu, et presque de rien, et attendre ce peu de la providence divine. Mais la loy la plus propre à l’evangile, est celle de porter sa croix. La croix est la vraye épreuve de la foy, le vray fondement de l’esperance, le parfait épurement de la charité, en un mot le chemin du ciel. Jesus-Christ est mort