Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/290

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homme qu’il a fait la mesme personne avec son fils unique.

En effet, que pouvoit-on réserver de plus grand à un dieu venant sur la terre ? Et qu’y pouvoit-il faire de plus digne de luy, que d’y montrer la vertu dans toute sa pureté, et le bonheur éternel où la conduisent les maux les plus extrémes ?

Mais si nous venons à considerer ce qu’il y a de plus haut et de plus intime dans le mystere de la croix, quel esprit humain le pourra comprendre ? Là nous sont montrées des vertus que le seul homme-dieu pouvoit pratiquer. Quel autre pouvoit comme luy se mettre à la place de toutes les victimes anciennes, les abolir en leur substituant une victime d’une dignité et d’un merite infini, et faire que desormais il n’y eust plus que luy seul à offrir à Dieu ? Tel est l’acte de religion que Jesus-Christ exerce à la croix. Le pere eternel pouvoit-il trouver ou parmi les anges, ou parmi les hommes, une obéïssance égale à celle que luy rend son fils bien-aimé, lors que rien ne luy pouvant arracher la vie, il la donna volontairement pour luy complaire ? Que diray-je de la parfaite union de tous ses desirs avec la divine volonté, et de l’amour par lequel il se tient uni à Dieu qui estoit en luy, se réconciliant le monde ? Dans cette union incomprehensible, il embrasse tout le genre humain ; il pacifie le ciel et la terre ; il se plonge avec une