Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/293

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de Dieu commencée sous les patriarches et dans la loy de Moïse.

Alors Dieu vouloit se faire connoistre par des experiences sensibles : il se montroit magnifique en promesses temporelles, bon en comblant ses enfans des biens qui flatent les sens, puissant en les delivrant des mains de leurs ennemis, fidele en les amenant dans la terre promise à leurs peres, juste par les récompenses et les chastimens qu’il leur envoyoit manifestement selon leurs oeuvres. Toutes ces merveilles préparoient les voyes aux veritez que Jesus-Christ venoit enseigner. Si Dieu est bon jusqu’à nous donner ce que demandent nos sens, combien plustost nous donnera-t-il ce que demande nostre esprit fait à son image ? S’il est si tendre et si bienfaisant envers ses enfans, renfermera-t-il son amour et ses liberalitez dans ce peu d’années qui composent nostre vie ? Ne donnera-t-il à ceux qu’il aime, qu’une ombre de felicité, et qu’une terre fertile en grains et en huile ? N’y aura-t-il point un païs où il répande avec abondance les biens veritables ?

Il y en aura un sans doute, et Jesus-Christ nous le vient montrer. Car enfin le tout-puissant n’auroit fait que des ouvrages peu dignes de luy, si toute sa magnificence ne se terminoit qu’à des grandeurs exposées à nos sens infirmes. Tout ce qui n’est pas éternel ne répond ni à la