Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/311

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peu aprés par Arnobe. Que pouvoit avoir veû le monde pour se rendre si promptement à Jesus-Christ ? S’il a veû des miracles, Dieu s’est meslé visiblement dans cét ouvrage ; et s’il se pouvoit faire qu’il n’en eust pas veû, ne seroit-ce pas un nouveau miracle plus grand et plus incroyable que ceux qu’on ne veut pas croire, d’avoir converti le monde sans miracle, d’avoir fait entrer tant d’ignorans dans des mysteres si hauts, d’avoir inspiré à tant de sçavans une humble soumission, et d’avoir persuadé tant de choses incroyables à des incredules ?

Mais le miracle des miracles, si je puis parler de la sorte, c’est qu’avec la foy des mysteres, les vertus les plus éminentes, et les pratiques les plus penibles se sont répanduës par toute la terre. Les disciples de Jesus-Christ l’ont suivi dans les voyes les plus difficiles. Souffrir tout pour la verité, a esté parmi ses enfans un exercice ordinaire ; et pour imiter leur sauveur ils ont couru aux tourmens avec plus d’ardeur que les autres n’ont fait aux délices. On ne peut compter les exemples ni des riches qui se sont appauvris pour aider les pauvres, ni des pauvres qui ont préferé la pauvreté aux richesses, ni des vierges qui ont imité sur la terre la vie des anges, ni des pasteurs charitables qui se sont fait tout à tous, toûjours prests à donner à leur troupeau non seulement leurs veilles et leurs travaux, mais leurs propres vies. Que diray-je