Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/318

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force, afin qu’il pust égaler les malheurs du peuple par ses cris ; et qu’enfin il devoit perir par un effet de cette vengeance qu’il avoit si long-temps annoncée, afin de la rendre plus sensible, et plus presente, quand il en seroit non seulement le prophete et le témoin, mais encore la victime ? Ce prophete des malheurs de Jérusalem s’appelloit Jesus. Il sembloit que le nom de Jesus, nom de salut et de paix, devoit tourner aux juifs qui le méprisoient en la personne de nostre sauveur, à un funeste présage ; et que ces ingrats ayant rejetté un Jesus qui leur annonçoit la grace, la misericorde et la vie, Dieu leur envoyoit un autre Jesus qui n’avoit à leur annoncer que des maux irremédiables, et l’inévitable decret de leur ruine prochaine.

Penetrons plus avant dans les jugemens de Dieu sous la conduite de ses ecritures. Jérusalem et son temple ont esté deux fois détruits ; l’une par Nabuchodonosor, l’autre par Tite. Mais en chacun de ces deux temps, la justice de Dieu s’est déclarée par les mesmes voyes, quoy-que plus à découvert dans le dernier. Pour mieux entendre cét ordre des conseils de Dieu, posons avant toutes choses cette verité si souvent établie dans les saintes lettres ; que l’un des plus terribles effets de la vengeance divine, est lors qu’en punition de nos pechez précedens, elle nous livre à nostre sens réprouvé,