Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/321

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perte inévitable dans la résistance, et tout ensemble leur salut dans la clemence de Tite. sauvez, leur disoit-il, la cité sainte ; etc. mais le moyen de sauver des gens si obstinez à se perdre ? Séduits par leurs faux prophetes, ils n’écoutoient pas ces sages discours. Ils estoient réduits à l’extrémité : la faim en tuoit plus que la guerre, et les meres mangeoient leurs enfans. Tite touché de leurs maux prenoit ses dieux à témoin, qu’il n’estoit pas cause de leur perte. Durant ces malheurs, ils ajoustoient foy aux fausses prédictions qui leur promettoient l’empire de l’univers. Bien plus, la ville estoit prise ; le feu y estoit déja de tous costez : et ces insensez croyoient encore les faux prophetes qui les asseûroient que le jour de salut estoit venu, afin qu’ils résistassent toûjours, et qu’il n’y eust plus pour eux de misericorde. En effet, tout fut massacré, la ville fut renversée de fonds en comble, et à la réserve de quelques restes de tours que Tite laissa pour servir de monument à la posterité, il n’y demeura pas pierre sur pierre. Vous voyez donc, monseigneur, éclater sur Jérusalem la mesme vengeance qui avoit autrefois paru sous Sedecias. Tite n’est pas moins envoyé de Dieu que Nabuchodonosor : les juifs perissent de la mesme sorte. On voit dans Jérusalem la mesme rebellion, la mesme famine, les