Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/352

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l’ancien oracle de Jacob, que le Christ devoit paroistre dans ces conjonctures. Quand le terme fut tellement passé qu’il n’y eût plus rien à attendre, et que les juifs eûrent veû par experience que tous les messies qu’ils avoient suivis, loin de les tirer de leurs maux, n’avoient fait que les y enfoncer davantage : alors ils furent long-temps sans qu’il parust parmi eux de nouveaux messies ; et Barchochebas est le dernier qu’ils ayent reconnu pour tel dans ces premiers temps du christianisme. Mais l’ancienne impression ne put estre entierement effacée. Au lieu de croire que le Christ avoit paru, comme ils avoient fait encore au temps d’Adrien ; sous les Antonins ses successeurs, ils s’aviserent de dire que leur messie estoit au monde, bien qu’il ne parust pas encore, parce qu’il attendoit le prophete Elie qui devoit venir le sacrer. Ce discours estoit commun parmi eux dans le temps de saint Justin ; et nous trouvons aussi dans leur talmud la doctrine d’un de leurs maistres des plus anciens, qui disoit que le Christ estoit venu etc.

une telle réverie ne put pas entrer dans les esprits ; et les juifs contraints enfin d’avoûër que le messie n’estoit pas venu dans le temps qu’ils avoient raison de l’attendre selon leurs anciennes propheties, tomberent dans un autre