Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/367

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un renversement du bon sens, un délire, une phrénesie. Raisonnez avec un phrénetique, et contre un homme qu’une fiévre ardente fait extravaguer ; vous ne faites que l’irriter, et rendre le mal irremédiable : il faut aller à la cause, redresser le temperament, et calmer les humeurs dont la violence cause de si étranges transports. Ainsi ce ne doit pas estre le raisonnement qui guerisse le délire de l’idolatrie. Qu’ont gagné les philosophes avec leurs discours pompeux, avec leur stile sublime, avec leurs raisonnemens si artificieusement arrangez ? Platon avec son éloquence qu’on a crû divine, a-t-il renversé un seul autel où ces monstrueuses divinitez estoient adorées ? Au contraire, luy et ses disciples, et tous les sages du siecle ont sacrifié au mensonge : etc. N’est-ce donc pas avec raison que Saint Paul s’est écrié dans nostre passage, etc. Ont-ils pû seulement détruire les fables de l’idolatrie ? Ont-ils seulement soupçonné qu’il fallust s’opposer ouvertement à tant de blasphêmes, et souffrir, je ne dis pas le dernier supplice, mais le moindre affront pour la verité ? Loin de le faire, ils ont retenu la verité captive,