Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/373

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contraire son extravagance fait voir la difficulté qu’il y avoit à la vaincre ; et un si grand renversement du bon sens montre assez combien le principe estoit gasté. Le monde avoit vieilli dans l’idolatrie ; et enchanté par ses idoles il estoit devenu sourd à la voix de la nature qui crioit contre elles. Quelle puissance falloit-il pour rappeller dans la memoire des hommes le vray Dieu si profondément oublié, et retirer le genre humain d’un si prodigieux assoupissement ? Tous les sens, toutes les passions, tous les interests combatoient pour l’idolatrie. Elle estoit faite pour le plaisir : les divertissemens, les spectacles, et enfin la licence mesme y faisoient une partie du culte divin. Les festes n’estoient que des jeux ; et il n’y avoit nul endroit de la vie humaine d’où la pudeur fust bannie avec plus de soin qu’elle l’estoit des mysteres de la religion. Comment accoustumer des esprits si corrompus à la régularité de la religion veritable, chaste, severe, ennemie des sens, et uniquement attachée aux biens invisibles ? Saint Paul parloit à Felix gouverneur de Judée, etc. C’estoit un discours à remettre au loin à un homme qui vouloit joûïr sans scrupule et à quelque prix que ce fust des biens de la terre.

Voulez-vous voir remuer l’interest, ce puissant