Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/403

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conviennent malgré leurs inimitiez, et que la seule tradition immemoriale de part et d’autre a unis dans la mesme pensée. Ceux donc qui ont voulu dire, quoy-que sans aucune raison, que ces livres estant perdus, ou n’ayant jamais esté, ont esté ou rétablis, ou composez de nouveau, ou alterez par Esdras ; outre qu’ils sont démentis par Esdras mesme, comme on l’a pû remarquer dans la suite de son histoire, le sont aussi par le pentateuque qu’on trouve encore aujourd’huy entre les mains des samaritains tel que l’avoient leû dans les premiers siecles Eusebe de Césarée, Saint Jerosme, et les autres auteurs ecclesiastiques ; tel que ces peuples l’avoient conservé dés leur origine : et une secte si foible semble ne durer si long-temps que pour rendre ce témoignage à l’antiquité de Moïse.

Les auteurs qui ont écrit les quatre evangiles ne reçoivent pas un témoignage moins asseûré du consentement unanime des fideles, des payens, et des héretiques. Ce grand nombre de peuples divers qui ont receû et traduit ces livres divins aussitost qu’ils ont esté faits, conviennent tous de leur date et de leurs auteurs. Les payens n’ont pas contredit cette tradition. Ni Celse qui a attaqué ces livres sacrez, presque dans l’origine du christianisme ; ni Julien L’Apostat, quoy-qu’il n’ait rien ignoré, ni rien omis de ce qui pouvoit les décrier ; ni aucun