Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/415

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désigné le lieu, qu’ont-ils respecté dans leur pentateuque, sinon une antiquité superieure non-seulement à celle d’Esdras et des prophetes, mais encore à celle de Salomon et de David, en un mot l’antiquité de Moïse dont les deux peuples conviennent ? Combien donc est incontestable l’autorité de Moïse et du pentateuque que toutes les objections ne font qu’affermir ? Mais enfin d’où viennent ces varietez des textes et des versions ? D’où viennent-elles en effet, sinon de l’antiquité du livre mesme qui a passé par les mains de tant de copistes depuis tant de siecles que la langue dans laquelle il est écrit, a cessé d’estre commune ? Mais laissons les vaines disputes, et tranchons en un mot la difficulté par le fond. Qu’on me dise s’il n’est pas constant que de toutes les versions, et de tout le texte quel qu’il soit, il en reviendra toûjours les mesmes loix, les mesmes miracles, les mesmes prédictions, la mesme suite d’histoire, le mesme corps de doctrine, et enfin la mesme substance. En quoy nuisent aprés cela les diversitez des textes ? Que nous falloit-il davantage que ce fond inalterable des livres sacrez, et que pouvions-nous demander de plus à la divine providence ? Et pour ce qui est des versions, est-ce une marque de supposition ou de nouveauté, que la langue de l’ecriture soit si ancienne qu’on en ait perdu les délicatesses, et qu’on se trouve empesché