Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/437

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deux cens ans avant sa naissance, comme celuy qui devoit rétablir le peuple de Dieu, et punir l’orgueïl de Babylone. La ruine de Ninive n’a pas esté prédite moins clairement. Daniel, dans ses admirables visions, a fait passer en un instant devant vos yeux l’empire de Babylone, celuy des medes et des perses, celuy d’Alexandre et des grecs. Les blasphêmes et les cruautez d’un Antiochus l’illustre, y ont esté prophetisées, aussi-bien que les victoires miraculeuses du peuple de Dieu sur un si violent persecuteur. On y voit ces fameux empires tomber les uns aprés les autres ; et le nouvel empire que Jesus-Christ devoit établir y est marqué si expressément par ses propres caracteres, qu’il n’y a pas moyen de le méconnoistre. C’est l’empire des saints du tres-haut ; c’est l’empire du fils de l’homme : empire qui doit subsister au milieu de la ruine de tous les autres, et auquel seul l’éternité est promise.

Les jugemens de Dieu sur le plus grand de tous les empires de ce monde, c’est-à-dire sur l’empire romain, ne nous ont pas esté cachez. Vous les venez d’apprendre de la bouche de Saint Jean. Rome a senti elle-mesme la main de Dieu, et a esté comme les autres un exemple de sa justice. Mais son sort estoit plus heureux que celuy des autres villes. Purgée par ses desastres des restes de l’idolatrie, elle ne subsiste plus que par le christianisme qu’elle annonce à tout l’univers.