Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/443

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Ainsi ne vous lassez point d’examiner les causes des grands changemens, puis que rien ne servira jamais tant à vostre instruction ; mais recherchez-les sur tout dans la suite des grands empires, où la grandeur des évenemens les rend plus palpables.


III.

Les Scythes, les Ethiopiens & les Egyptiens.


Je ne compteray pas icy parmi les grands empires celuy de Bacchus, ni celuy d’Hercule, ces célebres vainqueurs des Indes et de l’orient. Leurs histoires n’ont rien de certain, leurs conquestes n’ont rien de suivi : il les faut laisser célebrer aux poëtes qui en ont fait le plus grand sujet de leurs fables.

Je ne parleray pas non plus de l’empire que le madyes d’Hérodote, qui ressemble assez à l’indathyrse de Megastene et au tanaüs de Justin, établit pour un peu de temps dans la grande Asie. Les scythes que ce prince menoit à la guerre, ont plustost fait des courses que des conquestes. Ce ne fut que par rencontre, et en poussant les cimmeriens, qu’ils entrerent dans la Médie, batirent les medes, et leur enleverent cette partie de l’Asie où ils avoient établi leur domination. Ces nouveaux conquerans n’y regnerent que 28 ans. Leur impieté, leur avarice, et leur brutalité la leur fit perdre ; et Cyaxare fils de Phraorte, sur lequel ils l’avoient conquise, les en chassa. Ce fut plustost par adresse que par force. Réduit à un coin de son royaume que les vainqueurs avoient negligé,