Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/444

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ou que peut-estre ils n’avoient pû forcer, il attendit avec patience que ces conquerans brutaux eussent excité la haine publique, et se défissent eux-mesmes par le desordre de leur gouvernement.

Nous trouvons encore dans Strabon qui l’a tiré du mesme Megastene, un Tearcon roy d’Ethiopie : ce doit estre le Tharaca de l’ecriture, dont les armes furent redoutées du temps de Sennacherib roy d’Assyrie. Ce prince pénetra jusqu’aux colonnes d’Hercule, apparemment le long de la coste d’Affrique, et passa jusqu’en Europe. Mais que dirois-je d’un homme dont nous ne voyons dans les historiens que quatre ou cinq mots, et dont la domination n’a aucune suite ? Les ethiopiens dont il estoit roy, estoient, selon Herodote, les mieux faits de tous les hommes, et de la plus belle taille. Leur esprit estoit vif, et ferme ; mais ils prenoient peu de soin de le cultiver, mettant leur confiance dans leurs corps robustes et dans leurs bras nerveux. Leurs rois estoient électifs, et ils mettoient sur le trône le plus grand et le plus fort. On peut juger de leur humeur par une action que nous raconte Herodote. Lors que Cambyse leur envoya pour les surprendre, des ambassadeurs et des presens tels que les perses les donnoient, de la pourpre, des brasselets d’or, et des compositions de parfums, ils se moquerent de ses presens