Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/451

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qualité des viandes et la mesure du boire et du manger leur fust marquée (car c’estoit une chose ordinaire en Egypte où tout le monde estoit sobre, et où l’air du païs inspiroit la frugalité) mais encore que toutes leurs heures fussent destinées. En s’éveillant au point du jour, lors que l’esprit est le plus net et les pensées les plus pures, ils lisoient leurs lettres, pour prendre une idée plus droite et plus veritable des affaires qu’ils avoient à décider. Si-tost qu’ils estoient habillez, ils alloient sacrifier au temple. Là, environnez de toute leur cour, et les victimes estant à l’autel, ils assistoient à une priere pleine d’instruction, où le pontife prioit les dieux de donner au prince toutes les vertus royales, en sorte qu’il fust religieux envers les dieux, doux envers les hommes, moderé, juste, magnanime, sincere, et éloigné du mensonge, liberal, maistre de luy-mesme, punissant au dessous du merite, et récompensant au dessus. Le pontife parloit en suite des fautes que les rois pouvoient commettre : mais il supposoit toûjours qu’ils n’y tomboient que par surprise, ou par ignorance, chargeant d’imprécations les ministres qui leur donnoient de mauvais conseils, et leur déguisoient la verité. Telle estoit la maniere d’instruire les rois. On croyoit que les reproches ne faisoient qu’aigrir leurs esprits ; et que le moyen le plus efficace de leur inspirer la vertu, estoit de leur marquer leur