Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/453

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Cette coustume de juger les rois aprés leur mort parut si sainte au peuple de Dieu, qu’il l’a toûjours pratiquée. Nous voyons dans l’ecriture que les méchans rois estoient privez de la sepulture de leurs ancestres, et nous apprenons de Josephe que cette coustume duroit encore du temps des asmonéens. Elle faisoit entendre aux rois, que si leur majesté les met au dessus des jugemens humains pendant leur vie, ils y reviennent enfin quand la mort les a égalez aux autres hommes.

Les egyptiens avoient l’esprit inventif, mais ils le tournoient aux choses utiles. Leurs Mercures ont rempli l’Egypte d’inventions merveilleuses, et ne luy avoient presque rien laissé ignorer de ce qui pouvoit rendre la vie commode et tranquille. Je ne puis laisser aux egyptiens la gloire qu’ils ont donnée à leur Osiris, d’avoir inventé le labourage, car on le trouve de tout temps dans les païs voisins de la terre d’où le genre humain s’est répandu, et on ne peut douter qu’il ne fust connu dés l’origine du monde. Aussi les egyptiens donnent-ils eux-mesmes une si grande antiquité à Osiris, qu’on voit bien qu’ils ont confondu son temps avec celuy des commencemens de l’univers, et qu’ils ont voulu luy attribuer les choses dont l’origine passoit de bien loin tous les temps connus dans leur histoire. Mais si les egyptiens n’ont pas inventé l’agriculture, ni les autres arts que nous voyons