Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/455

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

inventeurs des choses utiles recevoient, et de leur vivant et aprés leur mort, de dignes récompenses de leurs travaux. C’est ce qui a consacré les livres de leurs deux Mercures, et les a fait regarder comme des livres divins. Le premier de tous les peuples où on voye des bibliotheques, est celuy d’Egypte. Le titre qu’on leur donnoit inspiroit l’envie d’y entrer, et d’en pénetrer les secrets : on les appelloit, le tresor des remedes de l’ame . Elle s’y guérissoit de l’ignorance la plus dangereuse de ses maladies, et la source de toutes les autres.

Une des choses qu’on imprimoit le plus fortement dans l’esprit des egyptiens, estoit l’estime et l’amour de leur patrie. Elle estoit, disoient-ils, le sejour des dieux : ils y avoient regné durant des milliers infinis d’années. Elle estoit la mere des hommes et des animaux, que la terre d’Egypte arrosée du Nil avoit enfantez pendant que le reste de la nature estoit sterile. Les prestres qui composoient l’histoire d’Egypte de cette suite immense de siecles, qu’ils ne remplissoient que de fables et des génealogies de leurs dieux, le faisoient pour imprimer dans l’esprit des peuples l’antiquité et la noblesse de leur païs. Au reste, leur vraye histoire estoit renfermée dans des bornes raisonnables ; mais ils trouvoient beau de se perdre dans un abisme infini de temps qui sembloit les approcher de l’éternité. Cependant l’amour de la patrie avoit des