Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/502

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

a un foible irremédiable inseparablement attaché aux desseins humains, et c’est la mortalité. Tout peut tomber en un moment par cét endroit-là : ce qui nous force d’avoûër que comme le vice le plus inherent, si je puis parler de la sorte, et le plus inseparable des choses humaines, c’est leur propre caducité ; celuy qui sçait conserver et affermir un estat, a trouvé un plus haut point de sagesse que celuy qui sçait conquerir et gagner des batailles. Il n’est pas besoin que je vous raconte en détail ce qui fit perir les royaumes formez du débris de l’empire d’Alexandre, c’est à dire, celuy de Syrie, celuy de Macedoine, et celuy d’égypte. La cause commune de leur ruine est qu’ils furent contraints de ceder à une plus grande puissance, qui fut la puissance romaine. Si toutefois nous voulions considerer le dernier estat de ces monarchies, nous trouverions aisément les causes immédiates de leur chute ; et nous verrions entre autres choses que la plus puissante de toutes, c’est à dire, celle de Syrie, aprés avoir esté ébranlée par la mollesse et le luxe de la nation, receût enfin le coup mortel par la division de ses princes.


VI.

L’Empire Romain.


Nous sommes enfin venus à ce grand empire qui a englouti tous les empires de l’univers, d’où sont sortis les plus grands royaumes du monde que nous habitons, dont nous respectons encore les loix, et que nous devons