Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/513

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de plus beau. Mais sans vouloir icy la mettre aux mains avec la milice françoise, je me contente que vous ayiez veû que la milice romaine, soit qu’on regarde la science mesme de prendre ses avantages, ou qu’on s’attache à considerer son extréme severité à faire garder tous les ordres de la guerre, a surpassé de beaucoup tout ce qui avoit paru dans les siecles précedens.

Aprés la Macedoine, il ne faut plus vous parler de la Grece : vous avez veû que la Macedoine y tenoit le dessus, et ainsi elle vous apprend à juger du reste. Athenes n’a plus rien produit depuis les temps d’Alexandre. Les étoliens qui se signalerent en diverses guerres, estoient plustost indociles que libres, et plustost brutaux que vaillans. Lacedémone avoit fait son dernier effort pour la guerre, en produisant Cléomene ; et la ligue des achéens, en produisant Philopoemen. Rome n’a point combatu contre ces deux grands capitaines ; mais le dernier qui vivoit du temps d’Annibal et de Scipion, à voir agir les romains dans la Macedoine, jugea bien que la liberté de la Grece alloit expirer, et qu’il ne luy restoit plus qu’à reculer le moment de sa chute. Ainsi les peuples les plus belliqueux cedoient aux romains. Les romains ont triomphé du courage dans les gaulois, du courage et de l’art dans les grecs, et de tout cela soustenu de la conduite la plus rafinée, en triomphant d’Annibal ;