Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/92

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et leur seconde révolte ne cousta pas moins de sang aux romains que la premiere. Marius batit les theutons, les cimbres et les autres peuples du nort qui penetroient dans les Gaules, dans l’Espagne et dans l’Italie. Les victoires qu’il en remporta furent une occasion de proposer de nouveaux partages de terre : Metellus qui s’y opposoit fut contraint de ceder au temps, et les divisions ne furent éteintes que par le sang de Saturninus tribun du peuple. Pendant que Rome protegeoit la Cappadoce contre Mithridate roy de Pont, et qu’un si grand ennemi cedoit aux forces romaines avec la Grece qui estoit entrée dans ses interests : l’Italie exercée aux armes par tant de guerres soustenuës ou contre les romains, ou avec eux, mit leur empire en peril par une révolte universelle. Rome se vit dechirée dans les mesmes temps par les fureurs de Marius et de Sylla, dont l’un avoit fait trembler le Midi et le Nort, et l’autre estoit le vainqueur de la Grece et de l’Asie. Sylla qu’on nommoit l’heureux, le fut trop contre sa patrie, que sa dictature tyrannique mit en servitude. Il put bien quitter volontairement la souveraine puissance ; mais il ne put empescher l’effet du mauvais exemple. Chacun voulut dominer. Sertorius zelé partisan de Marius se cantonna dans l’Espagne, et se ligua avec Mithridate. Contre un si grand capitaine, la force fut inutile ; et Pompée ne put réduire ce parti qu’en y mettant la division.