Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/94

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La liberté du peuple romain n’en fut pas plus asseûrée. Pompée regnoit dans le senat, et son grand nom le rendoit maistre absolu de toutes les déliberations. Jules Cesar en domptant les Gaules, fit à sa patrie la plus utile conqueste qu’elle eust jamais faite. Un si grand service le mit en estat d’établir sa domination dans son païs. Il voulut premierement égaler, et ensuite surpasser Pompée. Les immenses richesses de Crassus luy firent croire qu’il pourroit partager la gloire de ces deux grands hommes, comme il partageoit leur autorité. Il entreprit temerairement la guerre contre les Parthes, funeste à luy et à sa patrie. Les arsacides vainqueurs insulterent par de cruelles railleries à l’ambition des romains, et à l’avarice insatiable de leur général. Mais la honte du nom romain ne fut pas le plus mauvais effet de la défaite de Crassus. Sa puissance contrebalançoit celle de Pompée et de Cesar, qu’il tenoit unis comme malgré eux. Par sa mort, la digue qui les retenoit fut rompuë. Les deux rivaux qui avoient en main toutes les forces de la république, déciderent leur querelle à Pharsale par une bataille sanglante : Cesar victorieux parut en un moment par tout l’univers, en Egypte, en Asie, en Mauritanie, en Espagne : vainqueur de tous costez, il fut reconnu comme maistre à Rome et dans tout l’empire. Brutus et Cassius crurent affranchir leurs citoyens en le tuant comme un tyran malgré sa