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Page:Botrel - Contes du lit-clos, 1912.djvu/221

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LES MAMANS




Sous les caresses maternelles
Nous grandissons dans un doux nid,
Impatients d’avoir des ailes
Pour voltiger vers l’infini…
Les méchants ingrats que nous sommes,
Semeurs de terribles tourments :
À peine sommes-nous des hommes
Nous faisons souffrir les mamans !

Joyeux bambins, chers petits anges
Changés vite en petits démons,
Gazouillez comme des mésanges :
Vos gais propos, nous les aimons…
Mais, comme nous faisions naguère,
Quand défilent nos régiments
Ne parlez jamais de la guerre,
Car ça fait trembler les mamans !

Lorsque vous serez, dans la vie,
Livrés à vous-mêmes un jour,
Sans défaillance et sans envie
Luttez pour vivre à votre tour…
Et, si le sort met en déroute
Les fiers espoirs de vos romans,
Ne quittez pas la droite route,
Car ça fait pleurer les mamans !