Page:Botrel - Le Mystere de Keravel.djvu/51

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Jacques. — Depuis toujours ! J’ai relevé le cadavre du père assassiné ici, comme j’ai relevé le corps du fils, l’an dernier ; j’ai vu naître ses enfants.

L’Étranger, appuyant sur les mots. — Tous les trois ?

M. Duflair et François. — Hein ?

Jacques, hésitant. — Oui… tous les trois… Vous savez donc ?…

L’Étranger. — Je savé rien du tout! J’ai dit trois comme je aurais dit quatre… mais je savé, à présent, qu’ils étaient trois et non pas seulement deux.

François. — Erreur, voyons, Jacques ; les messieurs de Kéravel n’ont jamais été que deux.

Jacques. — Ah ! ça, c’est un secret… que je viens de trahir sans le vouloir. Vous, monsieur François, vous ne pouvez pas savoir…

L’Étranger. — Comment pourriez-vous savoir ?… Vous ne connaissez les Kéravel que depuis six ans.

François, se mordant les lèvres en regardant Jacques. — Maudit bavard !

L’Étranger. — Où est devenu cette troisième frère ?

Jacques. — Je vous ai dit que c’est un secret de famille…

François, sèchement. — Et, chez nous, on ne viole pas de pareils secrets !

L’Étranger. — Non plus chez nous !… À moins que la Jioustice n’ait intérêt à y mettre le naseau… oh ! discrètement ! (À M. Duflair, en élevant la voix.) Monsieur le juge, dites à cet homme que j’ai ordre et le droit de savoir tout le vérité…

M. Duflair. — Oui, pleins pouvoirs !

Jacques. — Soit, alors… mais je ne parlerai que devant vous seul… et devant M. François… qui est presque de la famille à présent.

L’Étranger, à part. — Un peu plus que presque, je croyé ! (Haut.) Monsieur Dublair ?