Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

a établi dans l’île voisine ne sont pas moins remarquables. Des arbres et des plantes qui ne viennent que dans les latitudes les plus chaudes y réussissent en pleine terre. Comment expliquer ceci quand ils ne peuvent pousser nulle part en Italie, sauf à Naples ou en Sicile ? Quelque courant d’eau chaude vient sans doute aboutir à ces îles, ou bien leur situation les garantit des vents froids.

La vue dont on jouit de ce lieu, notamment de la terrasse du castello Borromeo, est probablement l’une des plus belles de l’Europe, car l’œil découvre ici la cime et les flancs de ses plus hautes montagnes.

Dans un des jardins de l’isola Bella, mon conducteur me fait remarquer un laurier sur lequel Bonaparte, logé dans le palais, écrivit son nom quelques jours avant la bataille de Marengo.

Cette visite des îles et du château m’occupa jusqu’à la nuit. J’avais l’intention de présenter mes hommages aux maîtres, mais c’était l’heure de leur dîner : je me bornai, en partant, à laisser ma carte avec un remercîment.

Il existe à l’isola Bella un bon hôtel, il Delphino. J’y avais, en arrivant, déposé mon bagage pour y passer la nuit et prendre le jour suivant, à sept heures, le bateau allant à Arona. On me sert un très-bon souper en gibier et poisson du lac.

Le lendemain, un canot me conduit à bord du vapeur. Un personnage aux manières distinguées y arrivait en même temps que moi ; chacun s’empressait de lui faire politesse, et le capitaine du vapeur me dit que c’était le comte Gilbert Borromeo, l’aîné de la famille. J’allai le saluer en m’excusant de n’avoir pas été lui faire