Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/131

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D’Altorf, nous gagnons Flueten, village de cinq à six cents habitants, sur le lac des Quatre Cantons, qu’on nomme aussi lac de Lucerne. Là est le port du canton d’Uri, où l’on trouve les bateaux qui vont à Lucerne. J’en avais assez des précipices et du cahotement des diligences ; aussi ce fut avec un vif plaisir que je mis le pied à bord : là, on peut s’étendre et dormir.

Le temps est calme, tout nous annonce une navigation paisible. Les montagnes qui nous entourent sont couvertes de bois. Un village, dont nous remarquons les maisons proprettes, est entouré de noyers et de châtaigniers. L’ombre de Guillaume Tell erre encore sur les rives de ce lac, car nous sommes sur la terre mythologique de la Suisse : on y montre le rocher sur lequel Tell sauta quand le gouverneur Gessler le tenait prisonnier.

Nous voici à Brunnen, village qui fut le berceau de l’indépendance suisse : c’est une jolie position, dont les environs paraissent fertiles et bien cultivés. La vue du lac, de ses rives et des montagnes au fond, complète ici le tableau.

Gersau, qu’on rencontre ensuite, est un bourg de seize cents âmes, qui fait partie du canton de Schwyz. Il formait autrefois une république indépendante ; il voulut redevenir libre en 1814, mais les grosses puissances ne croyaient pas aux petites légitimités, et Gersau resta et est encore un district du canton de Schwyz.

Du bourg de Wœggis, où aboutit une route venant du Rigi, des rochers appartenant au canton d’Unterwalden et dont l’eau du lac vient baigner le pied font un effet très-pittoresque.