Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/211

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en oubliant aussi le signal du départ, et je manquai rester en route.

Après la station, vue étendue, belle campagne, vallée riante. À gauche, dans le lointain, est un glacier ; à droite, une plantation de sapins. On ne met pas plus de cinq à six minutes d’une station à une autre. Ce pays ressemble à la terre promise : on voit des poiriers, des pommiers, etc., bordant la route ; des collines, de petites vallées, une campagne bien cultivée, parsemée de jolies maisons devant lesquelles les habitants sont assis ou se promènent dans de beaux jardins. Tout le monde est proprement vêtu, et les dames souvent avec luxe. J’admire surtout la fraîcheur des bois. Les champs et les prairies sont arrosés au moyen de rigoles où circule une eau limpide. Pas un coin de terre qui ne soit cultivé, pas un coteau où l’on ne mette des vignes ou quelqu’autre culture. Partout l’herbe est peignée et égale comme dans un parc. Les chemins de traverse sont unis et bien entretenus, et dans un pays où tout est rocher, pas une pierre dans les champs.

Les vaches sont dignes des prairies où elles paissent : ce sont de beaux animaux dont le poil lisse et brillant annonce la bonne santé et le soin qu’on en prend. Évidemment ce pays est prospère, mais cette prospérité serait bien autre encore si les rivalités de canton, les ambitions de clochers n’avaient pas si souvent troublé la paix.

Les stations commencent à être moins fréquentes. Il y a aussi moins de constructions de luxe : la terre est trop précieuse pour la perdre en maisons.

Nous arrivons à la station de Herzogenbuchsee, à