Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/257

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détours entre des bords agrestes. Nous nous en éloignons peu.

Le brouillard se dissipe aussi promptement qu’il est venu, et je revois les Alpes. Le fleuve est à droite. Des collines arides et des montagnes sont à gauche. Pont couvert sur le Rhône. À droite, joli effet de lumière.

À la station de Chancy, le fleuve, que nous suivons toujours, a cessé d’être beau : ses bords, couverts de cailloux roulés, sont élevés de dix mètres au-dessus de l’eau. Plus loin, l’eau semble plus basse. Des îlots où commencent à croître des buissons se montrent de place en place. Ici, le fleuve a presque disparu entre deux rives rocheuses, et il n’a pas plus de quatre à cinq mètres de largeur.

Nous passons deux petits tunnels, puis un troisième qui dure sept à huit minutes. Après Collonge et le fort de l’Écluse, nous arrivons à la station de Bellegarde, près de laquelle est la porte du Rhône. On nous demande nos passeports qu’on regarde et qu’on nous rend. Je rencontre ici M. Pinchon, fils du directeur des douanes de Brest. Il est sous-inspecteur de cette ligne. Il a vu mon nom sur mon passeport, et il vient me donner des nouvelles de son père, dans la famille duquel j’ai été autrefois bien accueilli en Bretagne. Nous passons deux tunnels. Nous apercevons le Rhône à une grande profondeur sous nos pieds, entre deux rochers à pic. Encore un tunnel. Le courant s’élargit, mais il est toujours tortueux.

Nous sommes dans une vallée sombre. Ici, les rives du fleuve, dont j’estime la hauteur à quarante mètres, sont moins abruptes et plus vertes : on aperçoit des