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UNE DE PERDUE

sauvé la vie, nous lui devons une éternelle reconnaissance, je le verrai et m’acquitterai envers lui, autant qu’il est en mon pouvoir, de ce que je lui dois.

Quant au jeune homme, il était remonté sur son cheval, qui, couvert d’écume, était revenu en hennissant au devant de son maître. Il repartit au galop afin de se soustraire aux félicitations dont on l’accablait par un acte qui, dans son idée à lui, ne méritait pas la peine d’être mentionné.

Le lendemain et les jours suivants se passèrent, sans que le brillant cavalier revint à la ville. Le père de la jeune fille fit d’inutiles recherches pour le rencontrer et lui exprimer sa reconnaissance. Il se rendit à la Campagna. L’économe de l’habitation lui répondit que le propriétaire en était parti, depuis deux jours, pour la Havane, où des affaires pressantes l’avaient appelé subitement.

Déjà deux semaines s’étaient écoulées, et la blonde jeune fille n’avait pas revu celui qui lui avait sauvé la vie le jour de la grande revue. Elle n’osait questionner les personnes de la maison. Tous les soirs, à l’heure de la promenade, elle s’y rendait, et s’en revenait triste et rêveuse, sans avoir pu rencontrer celui que son cœur cherchait.

Un jour, le soleil était demeuré caché sous de sombres nuages couleur d’encre ; un vent tiède soufflait sur la ville de Matance. Il y avait apparence d’un orage lointain, et aux signes du firmament et du baromètre, plusieurs heures devaient se passer avant que la tempête put commencer à se faire sentir. La jeune fille, ne pouvant résister à l’impatience fiévreuse qui l’agitait, appela son esclave Sambo et lui ordonna de lui seller son cheval. Quelques minutes après