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DEUX DE TROUVÉES

avant que la jeune fille put se raffermir sur sa selle et saisir la bride, son cheval se dressa sur ses pieds de derrière, pirouetta et partit épouvanté. Ce ne fut qu’à la sortie du bois qu’elle réussit à le maîtriser.

En arrivant à la maison, elle s’empressa de raconter à sa mère la rencontre qu’elle avait faite de l’inconnu. Le lendemain ni les jours suivants, Sara ne put avoir de nouvelles de celui-ci. Son père, qui avait fait plusieurs visites à la Campagna pour le rencontrer, n’avait pu le voir. Sa conduite mystérieuse commençait à donner des soupçons. Plusieurs fois on avait vu des personnes mal famées de la ville se rendant le soir à sa demeure, et n’en sortant qu’au milieu de la nuit. Enfin l’apparition de quelques bandits à la Havane, et les déprédations nocturnes auxquelles se mêlait le nom de l’inconnu, avaient donné l’éveil aux autorités de cette ville, qui envoyèrent des agents secrets pour surveiller les mouvements des propriétaires de la Campagna. Toutes ces rumeurs étaient parvenues aux oreilles de Sara ; son cœur franc et noble se révoltait de ces soupçons et de ces imputations injurieuses contre celui qui lui avait sauvé la vie, et pour lequel elle éprouvait un sentiment plus vif que celui de la reconnaissance. Elle pleurait en secret ; elle devint triste ; sa santé s’altéra sensiblement.

Son père, qui la surprit plusieurs fois versant des larmes et laissant échapper de profonds soupirs, crut qu’un voyage sur mer pourrait ramener ses esprits et rétablir sa santé. Le départ de son ami, Sir Arthur Gosford, qui retournait en Angleterre, en passant par les États-Unis, était une trop bonne occasion pour qu’il la laissât échapper. Ainsi, il fut donc