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UNE DE PERDUE

terre, et qu’il le rejoindrait à la ville ; et remontant aussitôt sur le pont, il sauta dans le canot.

Aussitôt que le canot eut touché le rivage, Pierre courut à l’auberge. Il ne fit pas réflexion qu’il était un peu étrange que M. Meunier ne fut pas sur la levée pour le recevoir, puisqu’il devait avoir quelque chose d’important à lui communiquer pour avoir pris la peine de venir toute cette distance depuis la ville pour le rencontrer.

Pierre entra dans l’auberge cherchant des yeux le père Meunier, que l’on suppose bien qu’il ne vit pas. Deux hommes étaient assis autour d’une petite table ; l’un d’eux, petit et maigre, au nez pincé et aux yeux de furet, était occupé à écrire ; l’autre fumait un cigare et humectait ses lèvres de temps à autre dans un gobelet de bière. Ni l’un ni l’autre ne semblèrent faire attention à l’entrée de Pierre. Celui-ci, après avoir jeté un coup d’œil dans la salle, s’approcha de la table sur laquelle le petit homme écrivait.

— Pourriez-vous me dire, messieurs, s’il n’y a pas ici un Monsieur Meunier ?

Le petit homme leva la tête, essuya sa plume et regarda Pierre. Après un instant de silence il répondit :

— Je ne connais pas M. Meunier. Il y avait ici tout à l’heure un homme de certain âge, qui attendait quelqu’un. Il vient de partir en voiture, disant qu’il serait de retour dans une vingtaine de minutes.

— Portait-il des béquilles ?

— Oui, je n’ai pas bien remarqué, mais je crois qu’il avait une béquille.

— C’est lui, c’est monsieur Meunier. De quel côté est-il allé ?