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DEUX DE TROUVÉES

déchirées ; mais il importait fort peu au docteur de savoir le titre des livres, ce qui lui importait c’était de pouvoir glisser un papier dans l’un d’eux, de les rattacher avec la ficelle et de les remettre en leur lieu et place, sans en avoir secoué la poussière et sans avoir été aperçu ; tout réussit au docteur, comme il le désirait. Après avoir fermé la porte de la chambre aux étiquettes, il alla ouvrir celles qu’il avait fermées, et sonna un des gardiens. Il en arriva bientôt un, auquel le docteur recommanda de garder le parloir durant l’absence de Jérémie ; puis il entra dans l’intérieur de l’hospice, et monta droit à la chambre qui lui était réservée ; après quoi, il donna ordre qu’on lui amena le petit « Jérôme, » en recommandant de le traiter avec douceur.

Jérôme, en apprenant que le docteur le faisait demander à sa chambre, se mit à trembler de tous ses membres et à jeter des cris. Le gardien fit tout ce qu’il put pour l’apaiser, et ce ne fut que lorsqu’il lui eut assuré que le docteur voulait lui donner du sucre candi, que Jérôme se décida à le suivre.

— Il va me donner du sucre candi ! Va-t-il m’en donner bien gros ?

— Oh ! oui, bien gros.

— Bien gros… hi ! hi ! hi ! et le pauvre petit malheureux se mit à rire d’un rire qui faisait peine à entendre. En entrant dans la chambre du docteur Rivard, il courut à lui en criant : sucre candi ! sucre candi ! Le docteur, qui connaissait l’excessive passion du petit malheureux pour les sucreries, avait apporté un cornet de dragées qu’il lui donna, après l’avoir affectueusement caressé et lui avoir dit quelques paroles de consolation. Jérôme, peut-être plus étonné