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DEUX DE TROUVÉES

fatiguant aujourd’hui ? — sais-tu que j’ai encore une petite commission à te faire faire.

— Pas du tout, docteur.

— Eh bien ! fais-moi donc le plaisir d’aller chez l’apothicaire m’acheter deux onces d’opium.

Le docteur mit un billet de deux piastres dans la main de Jérémie, en lui disant de garder le change pour lui.

Aussitôt qu’il fut parti, le docteur prit le folio 4 des régistres des entrées de l’Hospice, et prenant bien soin de n’en point secouer la poussière, il l’ouvrit au hasard, feuilleta quelques pages, fit faire quelques corrections insignifiantes au père Asselin ; puis étant arrivé, comme par hasard, à la page 147.

— « Tiens, dit-il, je ne m’étais pas aperçu de ceci ! mais, père, tu avais donc oublié d’entrer à la marge ce que je t’avais dit à l’égard du petit Jérôme ? »

— Mais, vous ne m’en avez jamais rien dit !

— Ah bien, par exemple, en voilà une bonne ! c’est bien heureux que je m’en sois aperçu aujourd’hui ; il est vrai que c’est de bien peu d’importance, mais enfin, c’est une justice à ce pauvre enfant. Qui sait, peut-être qu’un jour ça pourra lui servir ?

— Qu’est-ce que vous m’avez dit, docteur ?

— Écris.

Et le père Asselin écrivait à la marge, en face de l’entrée de « Jérôme, » sous la dictée du docteur :

« Le véritable nom de Jérôme est Alphonse Pierre, né à la paroisse de St. Martin, le vingt et un mai mil huit cent vingt trois. Sa mère était Léocadie Mousseau, femme de — actuellement décédé. »

— C’est bien, signe de tes initiales maintenant.