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DEUX DE TROUVÉES

— Eh bien, si vous ne mangez pas davantage, passons dans mon étude ; nous serons seuls et nous causerons sans façon.

Le juge et le docteur s’assirent chacun dans un large fauteuil autour d’un feu brillant qui pétillait dans la grille de l’étude. Une lampe en bronze surmontée d’un globe en cristal découpé jetait une vive lumière dans l’appartement.

— Vous avez apporté votre compte, docteur, j’espère ?

— Oh ! ce n’est pas la peine, monsieur le juge, répondit le docteur Rivard, en se plaçant de manière que la lumière de la lampe ne frappât pas dans son visage ; ce n’est véritablement pas la peine.

— N’importe, il y a assez longtemps que nous n’avons réglé, et j’aime à solder mes comptes de médecine, au moins une fois tous les vingt-quatre mois ; ce n’est pas trop souvent, je pense, et il ne faudra pas m’en vouloir, docteur, si je veux vous payer.

— Je vous ai apporté ce que vous demandiez, mais si je vous le donne, ce n’est qu’à une condition.

— Et laquelle ?

— Je ne vous le donnerai pas sans cela.

— Mais encore.

— Je désire que vous en gardiez le montant par devers vous pour le distribuer aux pauvres sans me mentionner.

— Mais, docteur…

— Nous sommes d’anciennes connaissances, et vous voudrez bien faire cela pour moi. Je réservais spécialement ce compte pour quelqu’œuvre de charité.