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DEUX DE TROUVÉES

ne pas donner à Clémence de soupçons sur la route qu’elle se proposait de suivre pour retrouver monsieur Pluchon. Quand la Coco fut parvenue à la rue Canal, elle tourna à droite, se rendit aux remparts, redescendit dans le faubourg Marigny et fut bientôt au rendez-vous au bas du couvent des Ursulines, où l’attendait monsieur Pluchon, sur le bord de l’eau dans une pirogue.

— Embarquez vite, nous avons le temps de descendre avant l’obscurité.

— Combien de lieues avons-nous à faire avant d’arriver ?

— Deux petites lieues. — Allons, prenez garde à vous ; asseyez-vous au fond de la pirogue et nageons comme pour la vie, mère Coco.

La mère Coco se plaça avec précaution pour ne pas perdre son équilibre, au fond de la fragile embarcation ; et Pluchon, armé d’une pagaie légère, guidait la pirogue assis à l’arrière. — Le courant, joint à une légère brise, les eut bientôt fait descendre jusqu’à l’entrée du bayou bleu. Le bruit des avirons sur le bord de la pirogue fit envoler une dizaine de busards.

— Oh ! oh ! dit la mère Coco, en voyant cette nuée d’oiseaux de morts, ça sent la chair morte ! on ne doit pas être loin du noyé, n’est-ce pas, monsieur Pluchon ?

— Vous avez deviné, nous arrivons. C’est justement sur le noyé que ces carancros font festin. Nous allons leur disputer leur pâture pour quelque temps. Regardons bien auparavant pour voir si personne ne peut nous apercevoir.