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DEUX DE TROUVÉES

caleçons. Le noyé était tellement enflé qu’on a eu bien de la misère allez, mais enfin on a réussi.

— Qu’avez-vous fait des hardes du noyé ?

— On en a fait un paquet, auquel on a attaché une roche et qu’on a jeté au fond de l’eau.

— De manière que le cadavre peut passer pour celui du capitaine, même aux yeux de ses amis ?

— Même aux yeux de ses amis, pourvu qu’ils ne regardent qu’aux habits.

— Comment, pourvu qu’ils ne regardent qu’aux habits ?

— Dame, c’est que le capitaine est d’au moins deux pouces plus long que le noyé ! Mais ça n’y parait pas ; il faut avoir essayé les hardes comme nous avons fait pour s’en apercevoir. D’ailleurs le racourcissement des hardes par l’effet de l’eau, l’enflure du corps et le déchirement des habits et des pantalons ne permettront pas de découvrir la différence.

— Et le capitaine, comment vous a-t-il donc ainsi tapochée ? L’aviez-vous détaché ?

— Non, pas du tout. Voici comment cela est arrivé. Vous savez, quand je vous ai quitté hier soir, que je me suis rendu à l’habitation. Je communiquai à mes petits les projets de la nuit, et je leur montrai les cinquante dollars que vous m’aviez donnés.

« C’est bon, disent les petits, allons de suite ôter les hardes au monsieur. » Jacob et Léon descendent pour faire l’opération. Il paraît que notre homme dormait en ce moment car il ne remua pas un muscle, ne dit pas une parole. J’étais assise sur un des barreaux de l’échelle, tenant une lanterne à la main pour les éclairer, Ils enlevèrent son fichu, ses